
Certains noms survivent aux siècles, traversent les révolutions et s’accrochent aux carénages des générations comme un emblème. L’industrie de la moto, elle, n’a jamais été un simple concours de longévité ou d’innovation en continu. Plusieurs fabricants souvent ignorés du grand public revendiquent aujourd’hui la place de doyen, et les débats, eux, ne manquent pas de carburant.
Le titre de marque la plus ancienne suscite des joutes d’historiens et d’amateurs éclairés. Entre la date de fondation, la continuité de production ou la signature d’un premier brevet, chacun y va de son critère fétiche. Ces batailles, loin d’être anodines, continuent d’influencer la façon dont la tradition et l’excellence sont perçues dans le cercle fermé des passionnés de deux-roues.
Plan de l'article
Aux racines de la moto : comment tout a commencé
Le XIXe siècle a vu naître bien plus qu’un simple objet roulant : il a donné vie à une idée. Celle d’installer un moteur sur un vélo, une audace qui a propulsé la première moto dans l’histoire. On doit à Louis-Guillaume Perreaux, en France, l’un des tout premiers prototypes dès 1869 : une bicyclette Michaux équipée d’un moteur à vapeur. Ce n’était pas un simple tour de force, mais un acte fondateur.
De l’autre côté de l’Atlantique, Sylvester Howard Roper expérimente lui aussi, dès les années 1860, avec son « steam velocipede ». Il pose alors les jalons du deux-roues mû par la vapeur. Mais la moto moderne, telle qu’on la connaît, prend véritablement son envol avec l’arrivée du moteur à combustion interne. En 1885, Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach installent un monocylindre sur une monture en bois baptisée « Reitwagen ». C’est ici que la moto à essence fait son entrée sur la scène mondiale.
La décennie suivante, les frères Werner équipent la roue avant d’un moteur, tandis que Félix Millet ose un cinq cylindres intégré directement dans la roue arrière. En 1894, la Hildebrand Wolfmüller marque une rupture : c’est la première moto produite en série, avec un bicylindre horizontal qui annonce une nouvelle ère.
Voici les pionniers qui ont ouvert la voie à la moto moderne :
- Perreaux et Roper : les débuts à vapeur, entre Paris et Boston
- Daimler : le premier moteur à essence sur deux-roues
- Werner, Millet, Hildebrand Wolfmüller : des artisans de l’industrie naissante
D’un atelier parisien à un garage de Stuttgart, la moto s’est forgée sur l’ingéniosité, dans le tumulte d’une révolution industrielle qui n’épargnait ni les rêves ni la sueur des inventeurs.
Quelles sont les marques de motos les plus anciennes encore en activité ?
En tête du peloton historique, on retrouve Peugeot. La firme française lance sa première moto dès 1898, alors que l’automobile n’est encore qu’un luxe lointain. Peugeot, c’est l’histoire de vélos motorisés, de scooters endurants, de monocylindres qui ont marqué l’Europe à coups de fiabilité et de pragmatisme.
Puis vient Royal Enfield, emmenée par ses origines britanniques et une production inaugurée en 1901. Sa légende s’est bâtie sur le monocylindre, la robustesse, et une silhouette qui traverse les décennies sans jamais se démoder. Elle détient le record de la production jamais interrompue.
Impossible d’ignorer le duo américain : Indian Motorcycle (1902), dont la route fut ponctuée d’arrêts et de renaissances, et Harley-Davidson (1903), qui n’a jamais posé le pied à terre. Indian, relancée par Polaris, et Harley, toujours fidèle à son bicylindre en V, incarnent deux visions d’une Amérique moteur en avant.
Dans la foulée, Triumph (dès 1902) et Husqvarna (1903) complètent la galerie des vétérans européens. Husqvarna, aujourd’hui sous pavillon KTM, reste un symbole de ténacité et d’adaptation.
Les géants japonais, Honda, Yamaha, Kawasaki, Suzuki, arriveront plus tard, dans l’après-guerre. Leur arrivée dans les années 1950 va bousculer tous les repères. Leur force ? Une diversité stylistique, une fiabilité redoutable et la capacité d’imposer de nouveaux standards à l’échelle mondiale.
Pour résumer, voici les grandes anciennes encore debout sur la ligne de départ :
- Peugeot : première moto en 1898
- Royal Enfield : production ininterrompue depuis 1901
- Indian Motorcycle : dès 1902, relancée après des pauses
- Harley-Davidson : continuité assurée depuis 1903
- Triumph, Husqvarna : deux piliers européens
- Honda, Yamaha, Kawasaki, Suzuki : la vague japonaise des années 1950
Royal Enfield, Peugeot, Indian… anecdotes et histoires des pionnières
Royal Enfield, c’est une saga typiquement britannique. Dès 1901, la marque s’impose avec une machine robuste, monocylindre, qui deviendra rapidement une référence. Durant la Première Guerre mondiale, elle équipe l’armée britannique, et la Bullet s’inscrit dans la mémoire collective comme un symbole de simplicité et d’endurance. Une moto qui, encore aujourd’hui, inspire le respect par sa longévité et son authenticité.
Peugeot, côté français, se distingue dès 1898 grâce à un moteur De Dion-Bouton monté sur un cadre de vélo. Un coup d’envoi qui va propulser la marque vers une série d’innovations : passage du deux-temps au quatre-temps, apparition de modèles sportifs, incursion dans l’univers du scooter bien avant que celui-ci ne devienne un phénomène urbain. Peugeot a toujours su conjuguer héritage et adaptation.
Indian Motorcycle, née à Springfield en 1901 sous l’impulsion de George M. Hendee et Oscar Hedstrom, s’est rapidement illustrée sur les circuits comme sur les routes. Dès les années 1910, la police américaine fait confiance à Indian, qui aligne des modèles légendaires comme la Scout ou la Chief. Après une période de silence, la marque renaît grâce à Polaris, continuant de marier tradition et esprit pionnier.
Chaque constructeur a bâti sa renommée à travers exploits techniques, records, compétitions et parfois même sur les champs de bataille. Leur empreinte se lit encore dans la passion de ceux qui, aujourd’hui, font rugir les moteurs sur l’asphalte ou les chemins.
Ce que l’histoire des premières marques révèle sur l’évolution de la moto
La moto a pris un virage décisif durant les deux guerres mondiales. Les conflits ont stimulé l’industrie, dopé l’inventivité et accéléré l’adoption de nouveaux systèmes, comme la boîte de vitesses à plusieurs rapports ou la transmission par chaîne. Ce qui était taillé pour les militaires s’est imposé chez les civils : robustesse, fiabilité, simplicité de maintenance. Harley-Davidson a fait rayonner son fameux bicylindre, Royal Enfield et Indian ont forgé leur réputation sur toutes les routes, de l’Europe à l’Amérique.
L’innovation ne s’est jamais essoufflée. Au fil des décennies, le frein à disque a remplacé le tambour, l’injection électronique a pris le relais du carburateur, l’ABS et le contrôle de traction sont devenus monnaie courante, d’abord sur les sportives puis sur les routières. Chaque progrès technique raconte la marche du temps et la transformation des attentes.
Après la guerre, les clubs de motards se multiplient, portés par une soif de liberté et l’aura de la moto dans la culture populaire. Le cinéma s’en empare : « Easy Rider », « L’Équipée sauvage »… La moto ne se limite plus à l’utilitaire ou au sport, elle devient symbole, style, revendication. Aujourd’hui, même les accessoires évoluent. De nouvelles solutions, comme celles proposées par Upbikers, répondent à des besoins spécifiques, preuve que la quête d’amélioration ne s’arrête jamais. Les constructeurs continuent d’avancer, portés par la mémoire de leurs fondateurs et la passion d’une communauté toujours plus vaste.
Derrière chaque logo centenaire, il y a cette même envie de repousser les limites. Et demain, qui signera la prochaine révolution sur deux roues ?




